Paroles de volontaires - Natacha : donner une voix à la diversité

Installation à la Maison des Volontaires Paris

Natacha est engagée en service civique auprès d'enfants et d'adolescents nouvellement arrivés, scolarisés en Seine-Saint-Denis. Une mission de 9 mois dans le cadre d’un projet qui doit les aider à parler rapidement le français via une méthode basée sur des outils de partage de leurs expériences et de leur culture. Rencontre.

Grands yeux bleus et sourire timide, Natacha est née à Colmar et scolarisée en Alsace jusqu’à l’âge 18 ans (hormis son année de seconde passée sur les bancs d’une école en Angleterre). Trois ans plus tard et sa licence d’Anglais en poche (« un peu par défaut », sourit-elle…), elle revient vers ses racines maternelles anglaises pour enseigner le Français à Birmingham, une première expérience qui la conforte dans son désir de devenir prof de FLE (Français Langue Etrangère) pour le public migrant en France. Un programme Erasmus à Bruxelles (Keys for teachers in Europe) la mène au Manitoba, province des prairies canadiennes proche de la frontière des USA, où elle obtient un poste à l’université. Début mai 2015, retour en Alsace, avec l’amour de la didactique des langues en bandoulière et la conviction d’avoir trouvé sa « voie ».

MdV - Comment as-tu obtenu ta mission de service civique ?

Natacha : L'idée de m'engager en service civique m’intéressait. J’ai cherché par mot-clé sur le site Internet du service civique : inter-culturalité, enfants migrants, UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants). Ces enfants ne parlent pas la langue du pays d’accueil…  Les dispositifs s’étalent sur une année; nous leur enseignons le français scolaire. J’ai trouvé la mission de mes rêves (Patrimoine en partage®) auprès de l’association « Patrimoine Sans Frontières ». Le recrutement s'est fait très vite. Après un entretien par Skype (mon premier !! Déjà une nouvelle expérience !), la décision s’est prise en 2 semaines. Ma mission court sur 9 mois jusqu’au 11 juin 2016.

Mdv – Peux tu nous en dire plus sur cette mission ?

Natacha : Le projet s'intitule Patrimoine en partage®. Je touche à tout dans cette association : logistique et administratif, élaboration et interventions, évaluations... C’est très complet au niveau de l’expérience. Ce programme est mis en place depuis 3 ans mais il a toujours besoin de moyens pour se développer. Pour la partie opérationnelle, j’apprends l’outil informatique pour la recherche de fonds. Répondre aux appels à projets, c’est un vrai apprentissage de la réalité d’une association. Depuis le début de l’année scolaire, notre rôle est la sensibilisation au patrimoine par la médiation et la prise de conscience de la diversité culturelle dans la classe d’accueil. Elle s’adresse à des jeunes migrants scolarisés dans des classes d’accueil de primaire, collège et lycée, soit 17 classes en Seine-Saint-Denis.

Au bout de 10 jours, mes impressions sont très bonnes. Je fais ce en quoi je crois vraiment. Mes questions : Quelle place est donnée aux langues et cultures d’origines des élèves dans l’établissement ? Comment les perçoit-on ? Comment valoriser ce bagage ? Ils arrivent sans pouvoir s’exprimer, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient muets, loin de là. On leur donne une voix.

MdV – Sur le terrain, ça se passe comment ?

Natacha :  Dans le cadre du programme PeP, l’association Patrimoine sans frontières accompagne les enseignants de classes d'accueil UPE2A et UPE2A-NSA pour les enfants qui n'ont jamais été scolarisés antérieurement. Tout au long de l'année, nous interviendrons sur quatre thématiques participatives gérées par un outil informatique, une plateforme pour compiler les expériences de chaque enfant avec, à la clé, l'édition d'un livre-souvenir pour chaque classe. On s’adresse aux enfants en Français, parfois en Anglais, avec un recours aux images, aux gestes. Nous travaillons avec des enfants algériens, roumains, haïtiens, ivoiriens, sri lankais, etc.

Au départ, les présentations sont bien évidemment de mises ! Du brouillon au site internet, ils rempliront leur profil sur la plateforme en ligne avec texte et image(s). Puis, nous leur demandons de choisir un lieu –le plus personnel possible. A travers un questionnaire à remplir, ils pourront donner les raisons de leur choix. Ensuite, vient le travail sur la langue à l’oral et à l’écrit. On leur demande de choisir une chanson, un poème, un proverbe, un conte, etc. Et de la partager en l’expliquant. La 3ème thématique touche à la fête. Une fête de leur pays d’origine. Le but est l’interaction, l’échange, l’écoute et le respect de l’Autre. Le 4ème thème est soit libre ou bien la classe peut choisir de faire une visite d’un site du patrimoine local du 93 (les archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine, les archives départementales à Bobigny, les archives diplomatiques à La Courneuve, l’Archéo’site de la Haute-île à Neuilly-sur-Marne ou la basilique de Saint-Denis).

Maison de Volontaires - Natacha

MdV – Quelles sont tes toutes premières impressions sur la MdV ?

Natacha : La toute première chose ? J’ai vraiment apprécié qu’on m’appelle par mon prénom. J’ai retrouvé la fraternité du Canada (pas de tu ou de vous dans les pays anglo-saxons). Entende mon prénom, c’est une douce mélodie dans une grande ville comme Paris. Ca brise un peu les barrières. Et l’accueil ! Le lieu est magnifique et tout est pensé pour notre confort, jusqu’au kit de vaisselle…

MdV – A quoi t’attendais-tu ?

Natacha : Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi parfait ! C’est spacieux, silencieux, tout est neuf. Je suis contente d’avoir un toit au-dessus de ma tête. Le CROUS, ce n’était pas possible, n’étant plus étudiante. J’ai trouvé très facilement ce studio grâce à la mairie du 10ème qui m’a aiguillée vers la MdV. J’ai eu beaucoup de chance ! Les mairies sont un bon relai d’information pour la MDV. J’ai hâte des premières réunions avec les autres volontaires. Connaître leur parcours et leurs motivations… Ca va être un lieu très vivant.

 

Texte et Crédits photo : C. Dauriac