L'Economie Sociale et Solidaire : acteur de quel changement ?

     Selon un sondage CSA / Jeun’ESS de juin 2011,  moins de la moitié des jeunes entre 16 et 30 ans ont entendu parler du concept d’Economie Sociale et Solidaire mais quand on leur explique les valeurs mises en exergue dans le secteur, 9 jeunes sur 10 y adhérent.
D’après une étude du CIRIEC datant de 2007, l’ESS représente d’ores et déjà environ 2 millions d’emplois en France (soit 10% du total) et plus de 11 millions en Europe.
L’enjeu de la promotion du secteur auprès des jeunes devient flagrant quand à ces données on ajoute les statistiques sur les départs à la retraite : l’ESS devrait recruter 600 000 personnes d’ici à 2020.
Par ailleurs, les structures qui composent ce secteur sont de plus en plus sollicitées par les acteurs du secteur marchand, de la société civile ainsi que par les services publics afin de proposer des modèles innovants répondant aux enjeux contemporains.

            Un engouement politique

     On comprend donc mieux la création d’un ministère dédié à l’ESS depuis l’élection de François Hollande ainsi que la déclaration du ministre Benoit Hamon affirmant que « l’économie sociale et solidaire peut porter le changement ». Dans ce sens, une loi-cadre est en cours d’élaboration et elle sera probablement votée dans le courant de 2013 avec pour objectif d’encourager la structuration du secteur, notamment en facilitant l’accès des entreprises de l’ESS aux crédits de la future Banque Publique d’Investissement et en créant un label d’Entreprise Sociale, garant d’une meilleure visibilité.
Enfin, dans une optique de plus long terme, il est question d’inscrire l’ESS au programme de l’Education Nationale même si les modalités ne sont pas encore définies.
Si l’on perçoit bien le besoin de valorisation et l’enjeu de l’accès aux crédits on est cependant troublé par la phrase glissée par le ministre dans son interview précisant que « Les entreprises sociales bénéficiant du label pourront se prévaloir d’une meilleure visibilité auprès des financeurs et des acheteurs, qu’ils soient publics ou privés(…) Des études montrent que l’ESS permet aux collectivités et à l’Etat de réaliser d’importantes économies. ».
   Serait-ce donc là, la vraie finalité de la stratégie du gouvernement ? Déléguer des pans entiers de l’action publique aux acteurs privés non lucratifs qui gèrent prudemment leurs maigres ressources et engendreraient des économies pour l’Etat ? Serait-ce celui-là le réel changement de paradigme sur lequel doit reposer le développement de l’ESS ? Ne faudrait-il pas introduire des critères sociaux et environnementaux aux appels d’offres du marché public ?

             Innover pour réussir

     Les entreprises sociales ne sont pas vouées, dans l’imaginaire collectif, à la réussite économique comme on l’entend traditionnellement. Le manque de moyens financiers et humains, la vocation de leurs actions perçues comme non rentables, le principe de non lucrativité individuelle qui affecterait la performance des salariés, apparaissent comme des éléments incompatibles avec un modèle économique viable et pérenne.
Or, ce qui différencie véritablement une entreprise sociale est sa finalité, plus ouverte et tournée vers un équilibre entre le facteur humain et les enjeux de pérennité économique. En outre, ceci implique qu’elles n’ont pas d’actionnaires, donc de dividendes à distribuer, et que les profits sont souvent réinjectés directement dans l’entreprise. Il n’y a donc pas de contradiction entre ESS et rentabilité économique.
Cependant, lorsqu’une structure réussit voire qu’elle devient un pôle de développement économique avec des bénéfices conséquents, elle fait l’objet de controverses. C’est le cas du Groupe SOS qui emploie 10 000 personnes et réalise 560 millions de chiffre d’affaires. Une réussite portée par un modèle économique novateur qu’un financeur explique : « ils appliquent les techniques modernes de gestion à l’économie sociale et solidaire. » Le groupe est donc, à son niveau, porteur d’une méthode innovante qui lui a permis de changer d’échelle économique tout en restant une entreprise sociale.

               Moteur du changement

     Sans avoir la prétention de faire de la Maison des Volontaires la prochaine entreprise sociale disposant de plus de 10 000 salariés, nous proposons néanmoins un espace pilote et innovant qui permet d’apporter des réponses aux besoins des acteurs du volontariat. La Maison des Volontaires s’inscrit dans la ville, porte l’intérêt des acteurs locaux, se propose d’être un carrefour d’échanges, un lieu de résidence et de mutualisation. Elle repose aussi sur un modèle économique mixte qui lui permettra de pérenniser son activité et de créer des emplois.
La Maison des Volontaires comme les associations agissant dans le champ du volontariat sont, de par les principes qui régissent leur fonctionnement, la nature des projets développés, les objectifs qu’elles poursuivent, traditionnellement inscrites dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Aujourd’hui plus que jamais, il semble nécessaire de soutenir le travail que mènent ces associations ; de reconnaitre leur capacité à mobiliser autour d’un projet de solidarité, et de donner de la visibilité à leurs actions. Le nombre croissant d’acteurs faisant appel à leurs compétences, nous mène à penser qu’il devient indispensable de favoriser la constitution de réseaux, la mutualisation des pratiques et d’envisager avec eux de nouvelles formes de collaboration.
   Le projet Maison des Volontaires, à son échelle, porte l’ambition d’innover dans le secteur du volontariat et par là même être un des moteurs du changement.

L'équipe de la Maison des Volontaires 21/12/2012

 

Sources :
Alternatives Economiques, la définition de l’économie sociale et solidaire, septembre 2008
La Croix, Le Groupe SOS, géant assumé de l’économie sociale, 03 décembre 2012
Interview de Benoît Hamon Ministre délégué en charge de l’économie sociale et solidaire et de la consommation relayée par le Labo de l’ESS mais effectuée par l’Express publiée le 11 octobre 2012
Youphil, L’ESS va être enseignée à l’école, 23 novembre 2012
Ministère de l'Economie-Section ESS "L'emploi dans l'ESS des perspectives pour les jeunes", 16 novembre 2012
Source sondage CSA/Jeun'ESS - juin 2011