Politique de la ville : priorité aux habitants

   « Permettre aux citoyens de mieux vivre dans leurs quartiers », tel est l’objectif de la politique de la ville décrit par Bertrand Delanoë, Maire de Paris, dans l’éditorial de l’évaluation du Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) de Paris 2007-2010. Ce CUCS signé entre les collectivités territoriales et l’Etat, est aujourd’hui le cadre référent de la politique de la ville même si une réforme vient d’être engagée par le ministre de la Ville, François Lamy. Comme ses prédécesseurs, le Ministre veut s’emparer des maux qui accablent la politique de la ville pour mieux les dépasser.
« La dispersion des moyens, le mille feuilles des dispositifs, la difficile coordination entre les acteurs, l’étendue des zonages », la liste est énoncée par Farid Mebarki, Président de Presse & Cité.

Un temps pour la concertation

   La prochaine refonte des outils de la politique de la ville se concrétisera par une première phase de concertation avant de donner lieu à la création d’un comité interministériel début 2013. Cette réflexion sera suivie d’une proposition de loi baptisée « Ville et Logement » avec une entrée en application en 2014 pour se calquer sur le calendrier politique du renouvellement des conseils municipaux.
Les objectifs sont multiples. En premier lieu, la réflexion est menée autour du maillage illisible que constitue les zonages qui n’en finissent pas de générer des acronymes en « Z » (Zone Urbaine Sensible, Zone d’Education Prioritaire, etc.). La volonté est donc de simplifier la carte des quartiers prioritaires afin de cibler de manière plus pragmatique les territoires et leurs besoins. En second lieu, l’enjeu est de conduire une politique transversale et multipartenariale que ce soit au sein de l’Etat entre les différents ministères ou encore entre les multiples acteurs des politiques publiques.
Cependant, la disette budgétaire, le caractère réfractaire de certains élus locaux qui voient dans ce nouveau zonage un moyen de réduire le budget affectés à ces quartiers, mais aussi le scepticisme des associations devant une énième réforme, sont autant d’obstacles qui pourraient faire reculer François Lamy comme d’autres avant lui.

Prendre en compte les bénéficiaires

   Le Conseil National des Villes (CNV) qui a émis ses recommandations pour la refonte des outils de la politique de la ville est sans équivoque quant à l’enjeu qui domine en titrant la conclusion de son rapport : « La participation des habitants comme défi de la réforme de la politique de la ville ».
Pour lui comme pour bon nombre d’associations ou d’interlocuteurs présents dans les quartiers, les grands oubliés de la politique de la ville sont les habitants pourtant principaux bénéficiaires des projets territoriaux.
C’est dans cette logique que le ministre a rencontré le 9 janvier dernier les habitants de Bobigny pour affirmer sa volonté de renouer avec une participation citoyenne, déjà présente dans le rapport Dubedout de 1983 à l’origine de la création de la politique de la ville.
La consultation des citoyens dès la conception des politiques publiques les concernant, permettrait de faire tomber une partie des barrières susceptibles de freiner les projets. Inscrite dans la durée, cette démarche pourrait redynamiser les principes ambitieux de la démocratie locale et permettre une meilleure acceptation et appropriation des projets afin qu’ils répondent au plus près aux réels besoins des habitants.

« Certains lieux qui leur semblent à détruire peuvent être des endroits de cohésion sociale » indique Mohamed Mechmache, président d’ACLefeu, collectif citoyen monté en 2005 à Clichy-sous-bois. Nouvellement nommé par le ministre à la tête d’une mission sur la concertation il aura pour objectif avec la sociologue et urbaniste Marie-Hélène Bacqué, de réinventer des formes de participation locale à l’image des community organizing ou de l’empowerment depuis longtemps développés aux Etats-Unis.

Acteurs locaux et habitants au cœur de la Maison des Volontaires

   Pour nous, cette participation citoyenne est un véritable enjeu.
Les habitants sont au cœur du projet. Leur connaissance du quartier et des acteurs locaux, leur participation à son développement, à sa dynamique sociale, culturelle, économique en fait des partenaires incontournables.
Les acteurs locaux sont le trait d’union entre les habitants et les volontaires, ils sont des facilitateurs à l’introduction des volontaires dans les quartiers dans lesquels ils réalisent leurs missions et des accélérateurs du processus d’appropriation du projet par les habitants. Travailler à leurs côtés nous permet d’inscrire nos actions dans des projets de territoire et de contribuer à la dynamique sociale des quartiers.
La Maison des Volontaires constituera pour les habitants du quartier dans lequel elle sera implantée un lieu repère où ils trouveront une équipe et potentiellement des volontaires susceptibles d’accompagner leurs initiatives émergentes, des outils pour valoriser les actions réalisées pour leur quartier, du conseil pour devenir à leur tour volontaire.
Conscients de cet état de fait nous avons très tôt envisagé le rôle qu’ils pouvaient jouer à nos côtés. L’implication des habitants et notamment les plus jeunes, constituera un élément essentiel de la réussite du projet.

L'Equipe de la Maison des Volontaires 14/01/2013

 

Sources :
Mairie de Paris et APUR, Rapport de synthèse - Evaluation du contrat urbain de cohésion sociale de Paris 2007-2010, septembre 2010
Journal Officiel des Banlieues - Octobre 2012 - Edito - Politique de la ville : sortir de l’impasse 
Journal Officiel des Banlieues - Octobre 2012, Entretien avec François Lamy
Premier avis du Conseil National des Villes dans le cadre de la concertation pour la réforme de la politique de la ville, 6 décembre 2012
Le Monde, Banlieues : le jeu de la politique de la ville rebattu, jeudi 11 octobre 2012
Libération, Rebonds – Interview Mohamed Mechmache, 11 décembre 2012